Dans un séminaire organisé par le MEDEF et l’UIMM du 3 au 6 avril 2023 à Paris, au cours d’une séance de questions/réponses avec les patrons présents, monsieur le ministre de l’économie Bruno Le Maire à fait au terme de ce premier jour une annonce fracassante sur le futur de la société STMicroelectronics.
C’est une "BEAKING NEWS" exclusive du CAD qui n’est ce soir pas encore dans les médias.
Réagissant à la question d’un patron de PME qui l’interrogeait sur la véracité de l’information à propos des prochaines usines ST et Global Fundries à Crolles selon laquelle l’état subventionnerait à hauteur de 40% les 5 milliards d’euros nécessaires au projet, avec pour objectif la création de seulement 1000 emplois, soit une subvention de 2 millions d’euros par emploi créé (!!!), le ministre à longuement répondu sur le fait que la situation n’était pas aussi simple vu l’importance stratégique de l’industrie des semiconducteurs pour le futur de la France.
Mais ne sachant ensuite pas quoi répondre de façon claire pour le justifier alors qu’il venait de lui être indiqué que pour 1000 emplois crée à SOITEC (société à seulement quelques centaines de mètre de ST Crolles et qui est aussi dans les semiconducteurs) l’investissement ne représenterait au total que 400 millions d’euros avec une subvention bien moindre de l’état (soit environ 100 000 euros par emploi créé), le ministre a fini par se lâcher sur cette situation en faisant un certain nombre de révélations fracassantes sur le dossier.
Le ministre a indiqué qu’alerté par certains élus, y compris de la majorité, et certains syndicats (UNSA et CFE-CGC) de cette "gabegie", une enquête serait actuellement en cours sur quelles "influences" auraient été mises en œuvre pour arriver à ce résultat et pour étudier s’il était possible ou pas de "redéfinir" les contours du projet ainsi que le "niveau d’implication" de l’état dans ce projet précis.
Mais le ministre ne s’est pas arrêté là et a fait part de l’ensemble des problèmes que l’enquête en cours aurait enfin révélé au plus haut niveau de l’état concernant la gestion calamiteuse de l’entreprise STMicroelectronics par l’état.
La structure actionnariale de l’entreprise est clairement remise en cause.
Quel intérêt pour l’état français d’avoir versé plusieurs centaines de millions d’euros de subvention à ST si celle-ci verse des sommes du même ordre à ses actionnaires sous forme de dividendes ?
Quel intérêt pour les états italiens et français de d’avoir le contrôle de STMicroelectronics, avec environ 25% du capital, et d’avoir 75% du capital flottant (en bourse) qui oblige de façon complétement contreproductive à dilapider une partie importante de sa trésorerie et de la valeur ajouté alors qu’il s’agit d’une société contrôlée par les états français et italiens.
Pourquoi une entreprise, dont l’état français a le co-contrôle, déclare-t-elle ses bénéfices au Pays-Bas où elle a installé son siège social alors qu’il n’y a pas vraiment de site ST important dans ce pays et aucun site de production ?
Pourquoi une entreprise, dont l’état français a le co-contrôle, paye-t-elle un salaire aussi faramineux à son PDG (plusieurs millions d’euros) et à ses dirigeants (plusieurs dizaines de millions d’euros) ?
Pourquoi la plupart des hauts managers de ST payent-ils ou ont-ils payé leurs impôts sur le revenu en suisse, où ST a installé son "headquarter" mais n’y a aucun site de production.
Pour mémoire, contrairement à la France et l’Italie, la Suisse et les Pays-Bas ne sont absolument pas impliqués dans la structure de contrôle de STMicroelectronics.
Le ministre a aussi parlé de la responsabilité sociale défaillante de l’entreprise, notamment vis-à-vis des faibles salaires pratiqués par l’entreprise et des faibles augmentations qui ont eu lieu ces deux dernières années, alors même que l’on peut considérer que l’entreprise a fait de bien meilleurs résultats et a bien plus profité des crises du COVID et autres, que n’en ont profité certaines entreprises énergétiques.
En tant que lecteur averti, vous pourriez à ce stade vous dire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil et qu’il n’y a là aucune nouvelle réellement inédite.
Sauf que pour finir le ministre a révélé que l’état français était en cours de discussion avec "son partenaire" dans le projet (l’état italien) pour "mettre un terme à cette situation" et pourquoi pas faire en sorte que ST ne soit plus une entreprise cotée (sous-entendu les états français et italiens utiliserait la clause de gouvernance de l’entreprise qui leur permet de racheter tout ou partie des actions de ST, par exemple en cas de tentative de prise contrôle de ST par OPA).
Avant de passer à un autre sujet, le ministre a même répondu de façon humoristique "pourquoi pas" lorsqu’un autre patron d’entreprise participant au séminaire lui a demandé si le rachat de ST allait se faire en utilisant l’article 49.3 .